Tsar, néo-star, autocrate, nouveau tsar, qui dirigerait "une colonie "pénitentiaire ( ah, le parfum des nouveaux goulags), la russophobie ambiante atteint des sommets en ce moment avec des articles qu'on pourrait croire écrits vers1960, au bon vieux temps du monde bipolaire où tout était si simple: l'ours au couteau entre les dents et un Ouest évidemment porteur de libertés, de principes et de valeurs.
Libertés, valeurs et principes seraient ainsi aujourd'hui l'apanage de l'UE, comme Panaït Istrati en son temps j'ai envie de dire, "je vois bien les oeufs cassés, mais où est l'omelette?"http://fr.wikipedia.org/wiki/Pana%C3%AFt_Istrati.
Arriver à présenter les "Pussy Riots ou les "Femen" comme des vestales de la liberté ou Khodorkovski comme un saint François, est un tour de passe-passe impressionnant.http://www.liberation.fr/monde/2013/12/22/mikhail-khodorkovski-ne-s-engagera-pas-en-politique_968369.http://www.nytimes.com/2011/06/01/world/europe/01khodorkovsky.html?_r=0
Tout d'abord, il faut remarquer, que ces offensives viennent d'un milieu très particulier (au moins en France), celui des soviétologues et kremlinologues qui risquaient de se retrouver au chômage faute de cible. La reconversion s'est fort bien opérée, je n'ai pas vu depuis deux ans un seul article objectif dans les média sur la Russie. La pomme de discorde de la Syrie, puis de l'Ukraine ont contribué à en rajouter dans la condescendance de l'UE et des Etats-Unis, "ces pauvres russes", un peu attardés, mais ils pensent comme nous au fond." Manque de chance, la Russie de Vladimir Poutine suit une politique "principielle" et ordonnée, si je puis dire, c'est l'absence de principes qui mine les rapports entre la nouvelle Russie, l'Europe (l'UE) et les Etats-Unis. Or la voyoucratie internationale formatée par le système est incapable de penser la Russie.. Une difficulté qui n'est pas uniquement leur problème puisqu'un grand historien comme Bronsilaw Geremek (que j'admire) percevait la même difficulté : "La Russie, ... c'est autre chose, un empire."
On se trouve donc ici devant un impensé, une méconnaissance, qui échappent aux grilles d'analyse de nos soviétokremlinorussologues, qui si ils parlent la langue n'arrivent pas à comprendre. Inculture? Sans doute, si l'on veut bien regarder la politique des Etats-Unis au Moyen Orient, on observe aussi la même incompréhension, la même panique..
Vladimir Poutine
Je ne m'étendrai pas sur sa biographie, au sens où elle n'apporterait probablement pas d'éléments importants. Ce qui est essentiel c'est son projet politique. Ce sont ses références, dans ses discours a-priori très intéressantes, le 12 décembre il cite Nicolas Berdiaev,http://www.hoover.org/publications/hoover-digest/article/6146 philosophe chrétien et profondément russe, il envoie des messages discrets sur ses lectures, sa culture aux Russes: Soljenitsine aussi et plus curieux encore Ivan Ilyin. Ses récents discours sont des attaques frontales du système, de ce nouvel ordre mondial en gestation. http://fr.ria.ru/tribune/20131213/200007489.html. Rappelons ce que disait Berdiaev; et ce que cite Poutine:
"Le conservatisme n'empêche pas l’évolution, mais protège de la
régression, du mouvement vers l'obscurité chaotique et vers un état
primitif". C’est un changement significatif car jusqu'à présent la politique de la
Russie était explicitement et notoirement non idéologique. Surtout, ce retour à des valeurs spirituelles est une menace existentielle pour les élites au pouvoir en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis qui proposent un monde matérialiste fait d'esclavage consommateur. et rien d'autre. Le néolibéralisme à l'oeuvre, c'est la liberté qui se retourne contre la liberté et finit par se détruire..Perception très juste que peu de commentateurs ont perçu ici ('the Saker et Dedefensa essentiellement).. Est-ce que ce mouvement est appelé à durer et façonner une opposition internationale? Probablement pas, car Poutine n'endossera certainement pas un costume de sauveur, ensuite, il sait les effets négatifs que peut déclencher toute action dans un monde fragmenté, un temps "des hommes en parties" comme disait le poète brésilien Carlos Drummond De Andrade.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_PoutineAux origines:http://pourlasyrie.blogspot.fr/2013/12/pourquoi-la-russie-ne-doit-pas.html
Et un clin d'oeil aux russophones!
"Monsieur le Président,
RépondreSupprimerVotre décision d’engager la France en Syrie est prise et l’attaque est imminente.
Je veux cependant vous dire à quel point cette décision est périlleuse. Cette décision est prise sans consultation du Parlement, à la différence de Cameron qui a respecté le refus des députés britanniques et aussi d’Obama qui a annoncé qu’il consulterait le Congrès.
Un tel pouvoir de décision sans consultation se justifie quand il y a urgence. Il est impensable cette fois-ci que le Parlement ne soit pas consulté.
Il y avait urgence au Mali. Il fallait agir dans la minute : vous l’avez décidé, vous avez bien fait, et je vous ai soutenu publiquement sans hésitation ni réserve.
En Syrie, la situation n’est pas la même. S’il est peu de doute qu’il existe des armes chimiques (les mêmes ont été si largement utilisées pendant la guerre de 14), les preuves indiscutables de la responsabilité de leur utilisation n’ont pas été apportées, comme l’a reconnu M. Cameron. Le fer et le feu continuent à faire des deux côtés de nombreuses victimes.
Vous créez un précédent : vous allez intervenir sans mandat des Nations unies, sans nos alliés européens, sans l’Otan, dans une action bilatérale avec les États-Unis. Ce que la France reprochait en 2003 à Berlusconi, à Blair, à Aznar, elle va l’accomplir aujourd’hui. Comment interdire à d’autres demain des interventions unilatérales ?
Vous allez intervenir avec des buts incertains. Vous annoncez que vous ne voulez pas renverser Assad et peser sur l’issue du conflit !… C’est une déclaration diplomatiquement hypocrite et qui n’a pas de crédibilité.
Il ne s’agit pas d’un "avertissement" : il s’agit d’une intervention faite pour mettre à genoux le régime actuel (à bien des égards détestable) et donner la victoire à ses adversaires.
Qui sont ces adversaires ? À qui s’apprête-t-on à donner la Syrie et de larges pans de la région ? À des forces fondamentalistes engagées dans une entreprise globale d’instauration de l’islamisme politique, au cœur de l’affrontement séculaire et désormais brûlant entre sunnites et chiites.
Qui seront les victimes ? D’abord ceux que nous frapperons directement, militaires et parfois civils ; ensuite les communautés minoritaires en Syrie, les différentes communautés chiites, les communautés chrétiennes d’Orient (qui adressent une supplique unanime pour qu’on renonce à cette attaque) ; enfin le Liban, dans l’existence et l’équilibre duquel nous avons une responsabilité historique et où des forces françaises sont engagées - et exposées - dans le cadre de la Finul…
La frappe n’est pas non plus la seule solution.
Il est une gamme de rétorsions, de poursuites et de sanctions, conduisant les coupables jusqu’au Tribunal pénal international, qui auraient le même effet dissuasif sans exposer aux mêmes risques. Et qui pourraient, elles, conduire à la seule solution que l’on doive espérer, négociation et solution politique protégeant toutes les minorités. La France a, vis-à-vis de la Syrie, du Liban et des communautés minoritaires religieuses et ethniques de la région, une responsabilité historique et affective.
Et la France a un devoir vis-à-vis d’elle-même !
Nous avons construit une image de la France au travers des décennies : de de Gaulle à Jacques Chirac lors du drame irakien, nous étions le pays qui parlait avec tous, et protégeait l’essentiel. Et ce n’était pas seulement une image : c’était notre identité et notre réalité. C’était un patrimoine pour notre pays.
Monsieur le Président, nous étions nombreux à avoir mis de l’espoir en votre modération et votre équilibre. Vous engagez la France dans une voie périlleuse.
Je souhaite me tromper, mais je voulais vous dire que vous faites courir un grand risque à l’avenir de la Syrie, aux minorités, au Liban, et à une certaine idée de la France qui ne s’aligne pas.
François Bayrou."
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http://politiques-publiques.com/Syrie-Bayrou-a-Hollande-Vous.html#.Url1ofTuLJs
Charles
Supprimerun terrible frisson m'a parcouru l'échine en vous lisant ...
non serait-ce possible, j'avais quitté le clavier moins de 3 jours et la France engagerait une guerre contre la Syrie ??? je me précipite sur Google avant de m'apercevoir peu après que cette lettre datait de septembre
ouf, quel soulagement ...
j'ai failli y croire aussi!
SupprimerCOMMENT HOLLANDE VOUDRAIT PUNIR ET CHATIER ASSAD MAIS PAS TROP POUR NE PAS LE RENVERSER ET EN MÈME TEMPS SOUTENIR L"OPPOSITION" MAIS PAS TROP PAR RISQUE QU ELLE REPRENNE LE POUVOIR EN SYRIE? Traduction?
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Publié le 02/09/2013
François Bayrou estime qu’une intervention militaire en Syrie engagerait la France "dans une voie périlleuse" faisant "courir un grand risque à l’avenir". Il appelle François Hollande à envisager les autres solutions.
Bonjour à tous et Bonne année à tous les contributeurs du site.
RépondreSupprimerJe remercie encore une fois la qualité des écrits d'André qui régulièrement et consciencieusement nous fournit des analyses de choix.
Bonne année également à Charles dont la fidélité à sa patrie et la pertinence de ses interventions ne manquent pas de nous faire croire qu'il y aura toujours une justice pour la patience des justes.
Car de la patience il en faut tous les jours aux syriens endeuillés qui bravent quotidiennement les dangers et les restrictions que leur imposent la guerre...
Puissions nous rapidement voir le bout du tunnel!!
pardon que leur impose la guerre
RépondreSupprimerBonjour Marie Madeleine
SupprimerQuel plaisir de te relire ....Même si le temps te manquait, j étais sûr que l oeil et le cerveau de Marie Madeleine suivront et le coeur est y sera aussi...
Tu nous a manqué ..
charles